Fleur française coupée : Partage d’expérience Producteur, Fleuriste et Grossiste : notre travail commun
La fleur française : un renouveau au cœur des enjeux du secteur
Une filière en pleine transformation
Lors d’une table ronde organisée à l’occasion du Salon du Végétal, plusieurs acteurs de la fleur française ont échangé sur les évolutions récentes du marché et les défis à relever. Maxime Clément, producteur et commerçant, Gilles Sonnet, artisan fleuriste et producteur, et Denis Moinet, grossiste et producteur, ont partagé leurs expériences et constats sur le développement de la production locale.
L’histoire récente de la fleur française est marquée par des difficultés économiques qui ont conduit à une baisse significative du nombre de producteurs. Dès les années 1990, l’augmentation des charges et la concurrence internationale ont mis à mal la rentabilité des exploitations. La crise de 1998-2000 a entraîné une chute des prix, forçant de nombreux producteurs à revoir leurs stratégies commerciales. Certains ont diversifié leur activité, comme Maxime Clément qui a intégré la vente directe aux fleuristes pour pallier la perte de clients grossistes.
Depuis la crise sanitaire de 2019-2020, un engouement renouvelé pour la fleur française s’est manifesté. La prise de conscience des consommateurs, associée à un changement dans les comportements d’achat, a encouragé une dynamique nouvelle. Les fleuristes ont réinvesti dans les circuits courts, générant une demande croissante. Cependant, cette reprise s’accompagne de nombreux défis, notamment la structuration de la filière et l’adaptation aux nouvelles attentes du marché.
Les défis de la production et de la distribution
La production de fleurs en France repose aujourd’hui sur des modèles diversifiés. Maxime Clément a ainsi développé un système mixte combinant culture hors-sol, pleine terre et sous serre. Cette approche permet une meilleure adaptation aux saisons et une réduction des coûts énergétiques. La diversification est un levier essentiel, mais elle nécessite une expertise pointue pour garantir la rentabilité.
La standardisation de la production représente également un enjeu majeur. Les grossistes et fleuristes recherchent des produits calibrés et répondant aux attentes du marché. Une production trop variée ou mal conditionnée peine à s’intégrer dans les circuits de distribution. Denis Moinet souligne l’importance de la régularité dans l’approvisionnement : la stabilité des volumes et de la qualité est primordiale pour fidéliser les clients.
Un autre défi majeur concerne la logistique. La dispersion des producteurs et l’absence de structures adaptées compliquent la distribution des fleurs françaises. Contrairement aux modèles néerlandais où le cadran centralise les ventes, la France peine à organiser efficacement la commercialisation. Le développement de solutions logistiques adaptées est un axe clé pour faciliter l’accès aux marchés et optimiser les coûts de transport.
L’évolution des attentes et la nécessité d’une structuration
Les attentes des consommateurs évoluent rapidement, avec une sensibilité accrue aux questions environnementales. La traçabilité, la saisonnalité et l’impact écologique des fleurs sont désormais des critères de choix importants. Cette tendance se reflète également dans les comportements des jeunes générations, de plus en plus engagées en faveur des circuits courts et des pratiques durables.
Gilles Sonnet met en avant l’importance de la pédagogie et de la sensibilisation du client final. L’information sur la provenance et les caractéristiques des fleurs est essentielle pour valoriser la production locale. Les labels, tels que Fleurs de France ou Plante Bleue, jouent un rôle clé dans cette démarche, mais leur visibilité reste encore trop limitée au niveau du consommateur final.
Enfin, la formation des futurs professionnels est un enjeu crucial. Les lycées agricoles et les centres de formation doivent intégrer les nouvelles pratiques de production et de commercialisation. Plusieurs initiatives sont en cours pour renforcer les liens entre producteurs et établissements d’enseignement, mais un travail de structuration reste nécessaire pour accompagner efficacement la transition du secteur.
VISIONNER LE REPLAY DE LA TABLE RONDE
INTERVENANTS
DENIS MOINETGérantSAS MOINET & FILS |
SONNET GILLESFleuristeGILLES SONNET FLEURISTE |
MAXIME CLEMENTChef de cultureCLEMENT FLEURS |