Parole d’expert – Philippe DALMASSO
Philippe DALMASSO
Paysagiste Concepteur
Ville d’Antibes – Juan-les-Pins
Initiateur de la charte pour le jardin en méditerranée et du concept de nature
sublimée. Membre de l’AITF Groupe Espaces Verts et délégué régional PACA HORTIS.
« Il faut saisir l’opportunité d’enchanter notre territoire ».
1// Le changement climatique rebat les cartes de la conception paysagère. Quelles sont les problématiques rencontrées aujourd’hui dans ce domaine ?
Les enjeux sont énormes et paraissent contradictoires parfois. Nous souhaitons une ville bioclimatique, réserve de biodiversité mais sans eau, avec peu de place et un manque cruel de moyens. Mais si l’ingénierie auparavant permettait de forcer la nature à notre guise, tout l’art du sachant aujourd’hui, sera de maintenir le lien avec notre environnement.
Et c’est possible ! La nature a déjà tout prévu. De la poussière suffit à faire germer une graine et développer la vie. Les pins des calanques se développent à même la roche. Aucun homme n’aurait pu faire mieux. C’est donc, facile, il suffit de se renseigner et de trouver le vivant qui va s’adapter à nos contraintes. Toutefois, si la démarche est simple, la mise en œuvre nécessite de regrouper beaucoup de compétences et chaque site à ses propres contraintes et donc ses propres solutions.
2// Quels sont les leviers, les réflexions et les pistes de solutions pour faire face aux nouveaux enjeux de la conception paysagère ? Comment imaginer la végétalisation des villes demain ?
Les solutions sont multiples. Pour chaque aménagement, c’est un peu partir à la conquête de l’espace, celui qui nous entoure. Chaque site est unique et mérite une solution appropriée. Pour cela, il est nécessaire de se poser un ensemble de questions. Avec l’interprofession PACA nous avons établi un recueil de 10 recommandations, nos 10 commandements. Il ne s’agit pas de passer outre une question lorsqu’on ne sait pas mais de demander à ceux qui peuvent nous aider. Vous avez le concepteur, qui aura une lecture de l’espace dans son ensemble, jusqu’au détail. Je recommande d’ailleurs à toutes les collectivités de profiter de leurs compétences pour leur soumettre une analyse paysagère et d’obtenir un plan paysager qui vous servira de guide dans vos choix. Cela permettra d’avoir une cohérence dans les aménagements, de développer une identité et de contribuer ainsi à l’enrichissement du patrimoine. Le pépiniériste ensuite, qui saura vous conseiller sur le choix de plantes et vous renseigner sur leurs exigences. L’entreprise, qui est un partenaire incontournable pour mettre en application nos prescriptions dans les règles de l’art. Enfin, le personnel de terrain, que l’on doit impliquer dans chacune des phases pour assurer le maintien dans le temps de l’aménagement.
3// Quel message souhaiteriez vous faire passer aux villes / collectivités pour réussir leur transition végétale ?
Les Collectivités se doivent de montrer l’exemple au public. Il faut cependant garder à l’esprit qu’en moyenne, 80 % de la surface territoriale est privée. Il y a toujours des solutions. Aujourd’hui, l’aménagement devient pérenne et par ce fait, patrimonial. L’enjeu est donc de taille, celui d’aller au-delà des contraintes et de saisir l’opportunité pour chaque aménagement, d’enchanter le territoire.
4// Qu’attendez vous du Salon du Végétal ?
Du végétal ! Le végétal est notre palette. Celle-ci doit nous permettre de nous adapter à toutes les situations et développer une identité paysagère propre. Il faut donc davantage mettre en avant les nouvelles variétés produites.