Plantez, semez, pour les pollinisateurs et les auxiliaires du jardin
Crédit Val’hor : Romarin, l’une des espèces de couvre sol attractive pour les pollinisateurs
La quatrième édition de la Semaine des fleurs pour les abeilles s’est tenu mi juin. L’occasion de rappeler le rôle des insectes pollinisateurs et de se pencher sur des initiatives développées par les collectivités territoriales pour les favoriser.
Jusqu’au 24 avril, les producteurs, distributeurs et commerçants du végétal pouvaient s’inscrire pour participer à la Semaine des fleurs pour les abeilles, organisée par Val’hor et l’observatoire français d’apidologie. L’objectif est de sensibiliser le grand public face à la diminution des ressources disponibles pour les insectes pollinisateurs. Il s’agit aussi d’inciter la population à agir, en privilégiant les plantes attractives et nutritives dans leurs jardins. Sans oublier la valorisation des initiatives des communes et gestionnaires du paysage.
Des alliés du jardin
Les insectes pollinisateurs jouent un rôle primordial pour la reproduction et l’évolution de près de 80% des plantes à fleurs dans le monde. Ils contribuent au maintien de la biodiversité des plantes sauvages mais pas seulement. Ils sont aussi indispensables aux espèces ornementales et vivrières, qu’elles soient herbacées ou ligneuses. Parmi les butineurs on distingue d’abord les abeilles – près de 1000 espèces en France – et les bourdons, dont le pollen et le nectar constitue la nourriture à tous les stades de leur vie. Pour les autres – diptères, lépidoptères, coléoptères…- seuls les adultes sont concernés. Parmi eux, les insectes qualifiés d’auxiliaires sont très utiles dans la lutte contre pathogènes et ravageurs des jardins et cultures (chrysopes, syrphes, micro-hyménoptères …).
Autant d’arguments pour protéger ces populations en leur offrant le gîte et le couvert !
Les spécialistes s’accordent sur l’importance de la diversité floristique pour varier les apports nutritifs, en prêtant aussi attention aux espèces qui fleurissent précocement ou tardivement, des périodes où la nourriture est particulièrement peu abondante.
Pour accompagner sa campagne en faveur des pollinisateurs, l’interprofession Val’hor a sollicité de nombreux partenaires techniques et scientifiques pour élaborer en 2017 un guide, disponible gratuitement.
Il présente plus de 200 espèces ligneuses, herbacées ou bulbeuses sélectionnées pour leurs intérêts nutritifs, leurs périodes de floraison et leur disponibilité sur le marché.
Cliquer ici pour découvrir la liste de plantes attractives pour les abeilles, plantes nectarifères et pollinifères à semer et à planter.
Des collectivités territoriales engagées
Les gestionnaires d’espaces publics végétalisés ne sont pas en reste pour protéger les pollinisateurs sur leurs territoires. Ces dernières années, l’installation de prairies fleuries, la plantation d’arbres et d’arbustes mellifères ou nectarifères se sont développés sur d’anciennes friches, en accompagnement de voirie, sur des places, dans les parcs et les squares.
A Strasbourg, l’extension en 2019 d’une ligne de tramway au nord de l’agglomération s’est accompagnée d’une végétalisation de la plateforme et des abords, avec 300 arbres, 800 arbustes, 40000 vivaces et 7000 m2 de prairies fleuries. Pour ces dernières et la plateforme du tramway, la collectivité a fait appel à une entreprise locale, Nungesser Semences. Le mélange pour les prairies fleuries comporte une vingtaine d’espèces de fleurs sauvages et 5 graminées. Pour le tramway, il contient des espèces particulièrement adaptées au stress hydrique.
A Perpignan, les actions menées en faveur du végétal ont notamment permis la mise en place de plus de 13 hectares de prairies fleuries, la végétalisation de près de 6000 pieds d’arbres et de nombreux trottoirs. Des opérations réalisées pour certaines avec la population.
Edith Mühlberger, spécialiste de la protection biologique intégrée au sein de la société toulousaine In’Flor, intervient depuis plusieurs années auprès de collectivités – notamment Grenoble, Agen, Castres, Albi. Il s’agit en particulier de favoriser les auxiliaires aux abords des serres municipales. Le principe est d’installer des jardinières, bandes fleuries ou haies arbustives avec des plantes attractives pour les ravageurs qui fleurissent tôt en saison. Elles vont permettre de constituer de véritables garde-manger pour leurs prédateurs et renforcer ainsi la présence des auxiliaires naturels. Fenouils, céleris, althéa, spirée, genêt attirent les pucerons, l’œillet des poètes est favorable aux punaises prédatrices, les campanules attirent les syrphes, le lamier pourpre les chrysopes, syrphes, punaises et bourdons…
L’installation de plantes fleuries favorables aux pollinisateurs doit s’accompagner d’une réflexion globale pour permettre une bonne complémentarité des aménagements et de leur gestion. En effet, il s’agit non seulement d’offrir de la nourriture aux insectes mais également des zones de refuge, par exemple en fauchant en plusieurs fois les prairies fleuries.