Quels risques en cas de semences contaminées par des pathogènes ?

Comprendre les risques liés aux semences contaminées par des pathogènes
L’impact des pathogènes sur les semences et leur transmission
Lors du Salon du Végétal, une intervention a mis en lumière les risques sanitaires liés aux semences contaminées par des agents pathogènes. La propagation des maladies végétales repose sur plusieurs facteurs, réunis sous la notion de « triangle de la maladie » : un hôte sensible, un agent pathogène virulent et un environnement favorable à l’infection.
Les semences constituent un vecteur potentiel de dissémination des bioagresseurs. Elles peuvent être colonisées par des champignons, bactéries, virus et nématodes, qui se logent soit en surface, soit en profondeur dans leurs tissus. La transmission aux cultures dépend de leur mode de dissémination. Certaines semences infectées libèrent les pathogènes dans le sol, facilitant la contamination des générations suivantes. D’autres transmettent directement les bioagresseurs aux plantes issues de ces semences, aggravant les risques d’épidémies agricoles.
Les facteurs favorisant l’apparition de nouvelles maladies comprennent l’évolution génétique des bioagresseurs, le changement d’hôte et l’expansion géographique des semences contaminées via le commerce international. Des analyses scientifiques menées entre 1880 et 1970 ont démontré que tous les continents sont concernés par l’introduction accidentelle de pathogènes à travers l’importation de semences. Ce phénomène, toujours d’actualité, souligne l’importance des mesures de prévention pour limiter ces risques.
Réglementation et contrôles phytosanitaires
L’intervention au Salon du Végétal a également abordé la réglementation en vigueur pour encadrer la circulation des semences et réduire les risques sanitaires. L’Union européenne distingue plusieurs catégories d’organismes nuisibles :
- Organismes non réglementés, présents sans restriction spécifique.
- Organismes réglementés non de quarantaine, nécessitant une gestion particulière.
- Organismes de quarantaine, interdits sur le territoire européen ou dans des zones protégées spécifiques.
- Organismes de quarantaine prioritaires, représentant un danger majeur pour les cultures et l’environnement.
- Organismes sous quarantaine provisoire, nécessitant des mesures d’urgence temporaires.
Pour limiter la dissémination des pathogènes, plusieurs dispositifs de contrôle sont mis en place. Le passeport phytosanitaire est exigé pour les échanges intra-européens et le certificat phytosanitaire est requis pour les importations et exportations hors de l’Union européenne. Ces mesures concernent aussi bien les semences de cultures maraîchères que celles d’arbres fruitiers et forestiers.
Les méthodes de détection des pathogènes sont essentielles pour assurer la sécurité sanitaire des semences. Elles reposent sur des techniques biologiques, sérologiques et moléculaires permettant d’identifier rapidement la présence d’un bioagresseur. Des normes internationales, établies par des organisations telles que l’ISTA et l’OEPP, définissent les protocoles de test et de certification applicables aux filières semencières.
Recherche et solutions pour limiter les risques
Face aux défis posés par les semences contaminées, plusieurs initiatives scientifiques et réglementaires ont été présentées au Salon du Végétal. La base de données de l’ISTA permet d’identifier les bioagresseurs spécifiques à chaque espèce végétale et d’évaluer leur impact sur les cultures. Cette ressource constitue une aide précieuse pour les laboratoires de pathologie, les décideurs politiques et les acteurs de la filière semencière.
Des études sur le microbiote des semences montrent que certaines bactéries et champignons bénéfiques peuvent limiter le développement des pathogènes. L’optimisation des itinéraires techniques, le tri sanitaire et le développement de variétés résistantes figurent parmi les stratégies utilisées pour garantir des semences saines.
L’objectif de ces recherches est d’améliorer la santé des végétaux et de réduire les risques pour les cultures. L’évolution des réglementations et des technologies de détection permet d’adapter les mesures de lutte en fonction des bioagresseurs identifiés. Le renforcement de la coopération entre scientifiques, agriculteurs et autorités sanitaires est essentiel pour garantir la sécurité des semences et prévenir les maladies émergentes.
INTERVENANTS
NICOLAS DENANCEResponsable adjoint Qualité Sanitaire des semencesGEVES |
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